Le berceau rejeté (4)

Le grand-père.

Il vient de mourir à 100 ans. Elle l’a appris dans un avis de décès sur le net. Personne aux rejetés n’a annoncé la nouvelle. Mais cela n’a aucune importance à vrai dire. A cet instant, elle ressent un sentiment curieux. Ni tristesse, ni joie encore heureux mais un soulagement. Un énorme soulagement. Comme si un poids sur ses épaules était enlevé, comme un sortilège évaporé. Une étrange sensation. Le poids d’un ancêtre dissout. Une page sombre qui vient d’être tournée. Comme une épine retiré du pied. Mon Dieu, un mal insidieux qu’il avait collé sur ses parents et elle. Comme si le départ mal sain c’était lui.

Ce grand-père, il n’avait pas aimé ce fils, c’est tout ce qu’elle retenait de cette histoire. Ce fils qu’on avait accusé de vouloir toujours mettre la pagaille et pour cause, lui non plus il n’avait pas trouvé sa place parce que l’on ne voulait pas lui en donner une. Tout était bon pour lui donner le mauvais rôle et cela arrangé bien cette famille sordide.

Son père lui a fait subir à son tour ce qu’il avait subi. Il a rejeté la faute à son tour sur elle.

Lors d’une communion, le grand-père avait dit aux convives de prendre certains morceaux de nourriture avec les mains, et sa mère comme les autres exhaussa sauf que la grand-père vexa une énième fois sa mère. Ce jour là, se fut la réflexion de trop. Le grand-père dit à sa mère devant tout le monde : « Tu as bien lavé tes mains » . L’attaque était ciblée et l’instant inapproprié. Et le fils fit un scandale. Bien joué le grand-père. Ce que la famille avait retenu c’était le scandale mais la cause ignorée. L’affront subi pour cette femme effacé. Cette famille avait retenu ce qui l’arrangé bien. Tu m’étonnes !

Elle se sentait tellement débarrassé de tout ça à la mort de son grand-père. De toute cette hypocrisie familiale.

Ce fils, il aurait pu faire tout ce qu’il voulait, il ne faisait pas l’affaire de son père. Et son père avait reproduit avec elle, ce schéma affligeant.

Dorénavant, il n’ y avait plus de lien, plus de pont à traverser, c’était un point final. Une douleur qui partait.

Sa mère et elle, ne faisaient pas parti de cette famille. Elles n’étaient pas comme eux. Elles ont tracé un autre chemin. Un chemin loin d’eux.

Le berceau rejeté (2)

Elle devait avoir environ 11 ou 12 ans.

Ses parents au lieu de lui acheter des meubles de chambre adaptés à son âge, on fait le choix de lui donner les leurs. Pas des meubles neufs pour elle. comme si sa chambre était un fourre-tout. Et elle, était au milieu de ce fourre-tout. Au milieu des meubles que ses parents ne voulaient plus.

Quelques mois plus tard, bien plus tard. Elle eut enfin des meubles d’adolescente. Un acte anodin pour eux, qui ne l’était pas pour elle. Il avait un sens grave pour elle. Elle était là mais n’avait pas beaucoup d’importance. Elle était un truc en trop. Pas banal pour une fille unique. Non, elle n’était pas la princesse à son papa. Pas du tout.

Sa mère aurait voulu retravailler après la naissance de cette enfant. Mais le père ne voulait faire aucun effort, il aurait fallu aller la déposer chez une nourrice, la reprendre chez la nourrice et s’occuper d’elle en attendant le retour de la mère. Mais lui, il voulait sa tranquillité, ne pas être dérangé. s’occuper d’elle oui mais à petites doses, il ne fallait pas trop en demander.

Alors la mère trouva une autre option. Elle demanda aux grands-parents paternel qui habitait dans la même ville, si ils voulaient bien la garder, en compensation la mère leur proposa de les rémunérer. Mais la réponse fut un NON catégorique. Ils ne la garderaient pas en nourrice. Alors que ses grands-parents là, garder déjà à temps plein une autre de leur petite-fille gratuitement et elle, elle était accueilli à bras ouverts. Mais pas de place pour elle, une fois encore elle était de trop. Rejeté.

Elle était la fille de ce père qui ne voulait pas d’elle. Et les parents de celui-ci ne voulaient pas d’elle. Une enfant qui n’avait pas de place.

Ironie du sortilège, son père n’était guère apprécié de ses parents. Cela n’a pas aidé mais ce n’était pas une raison pour ignorer cette enfant. Les injustices et différents familiaux excitaient déjà depuis longtemps, son père était la bête noire. Lui même rejeté. Ses parents préféraient son frère et sa sœur. Il était le fils qu’ils ne voulaient pas. Elle n’était qu’une continuité de lui que les grands-parents ne voulait pas.

Alors sa mère ne travaillerai pas et la garderai.

Un impact énorme dans la vie de cette mère. Il n’ y avait qu’elle qui aimait cette petite fille. Et en tant que femme, elle venait de perdre son indépendance financière. Le début d’une fracture ouverte qui allait devenir béante.